Franz von SUPPÈ est un compositeur et chef d'orchestre de nationalité autrichienne, de son vrai nom Francesco Ezechiele Ermenegildo, cavaliere Suppè-Demelli, né le 18 avril 1819 à Split (Dalmatie, à l'époque dans l'Empire d'Autriche) et décédé le 21 mai 1895 à Vienne (Autriche). Fils d'un fonctionnaire d'origine italo-belge et d'une mère viennoise, Suppè passe son enfance à Zadar en Croatie.
Sa première composition connue est une messe latine, qui y fut donnée en 1832. Il avait 13 ans ! Il part faire des études de droit à Padoue et, à la mort de son père, rejoint Vienne en compagnie de sa mère pour y parfaire ses connaissances musicales. Il s'impose peu à peu dans la vie musicale de la ville. Il est ensuite nommé chef d'orchestre et directeur de plusieurs théâtres : Theater an der Wien de Vienne (de 1845 à 1862), Kai-Theater (de 1862 à 1865) et Carl-Theater (de 1865 à 1882).
Il remporta un succès phénoménal en composant pour la scène : on le surnommait souvent l’«Offenbach» viennois, et c'est du reste lui qui présenta bon nombre d'opérettes d'Offenbach dans la capitale autrichienne.
Le nom de Franz von Suppè n'est pas associé à la musique sacrée, car sa réputation posthume repose presque entièrement sur ses nombreux opéras et opérettes, tels Poète et paysan, La Belle Galatée et Cavalerie légère.
Outre ses œuvres scéniques, Suppè écrivit plusieurs œuvres sacrées, notamment le Requiem (Missa pro defunctis) qu'il composa en 1855 à la mémoire de son ami et mentor Franz Pokorny, qui avait aidé Suppè à lancer sa carrière viennoise. Le Requiem était destiné à une messe commémorative célébrée en l'église des Piaristes de Vienne cinq ans après la mort de Pokorny, où il fut donc entendu pour la première fois le 22 novembre 1855.
Bien qu'il ait été redonné plusieurs fois au cours des années suivantes, on reprocha parfois à ce Requiem d'être trop italianisant - et trop gai ! Il fut peu à peu abandonné du répertoire, et on le croyait perdu, jusqu'à sa redécouverte à la fin du xx ème siècle. Depuis lors, il a été repris - et admiré à juste titre.
La place du Requiem de Franz von Suppè dans la production du XIXe siècle est loin d'être mineure. Il ne s'agit nullement d'une œuvre de circonstance conçue par un talentueux compositeur d'opérettes - bien au contraire, ce Requiem fut délibérément composé avec le projet de faire une œuvre forte, à une époque où le compositeur n'ambitionnait aucune carrière théâtrale mais cherchait bien à s'établir comme compositeur «sérieux».
Suppè suit la liturgie conventionnelle du Requiem, déployant une riche toile orchestrale. Le chœur, qui chante dans tous les mouvements, est le centre de gravité de l'œuvre. L'élément « italien » est sans doute suggéré par les solos expressifs des instruments à vent et les mélodies bel canto confiées au quatuor de solistes. Suppè tire le plus grand parti des possibilités qu'offre le texte à la fois en intensité dramatique (dans le « Dies irae », notamment) et en émotion poignante, tandis qu'il se montre également habile dans l'écriture fuguée rigoureuse, notamment du « Kyrie » (il avait étudié le contrepoint avec le grand pédagogue Simon Sechter, professeur de Bruckner).
Comme Rossini et Verdi, Suppè conçut avec son Requiem une œuvre sacrée d'une sincérité manifeste, dont l'orientation expressive est entièrement différente de celle de ses œuvres scéniques.