2015 - juin

2015 - juin

27 & 28 juin 2015
Cathédrale Saint-Sauveur - Aix-en-provence

So British
3 siècles de musique anglaise
De Thomas Morney à John Rutter

Thomas Morley (1557-1602) : Now is the Month of Maying
H. Purcell (1659-1695) : Jehova, quam multi sunt hostes mei
H. Purcell : Beati Omnes qui timent Dominum
C. V. Stanford (1852-1924) : Beati Quorum Via
John Rutter (1945-) : REQUIEM pour chœur et orchestre
G. F. Haendel (1685-1759) : Zadok the Priest.

Laure Bertran de Balanda, soprano

Chantal de ZEEUW, orgue

Georges Minassian, flûte
Alain Negrel, hautbois
Catherine Marchand, violoncelle
Anne-Sophie Dauphin, harpe
Patrick Flosse, timbales
Theo Quinio, glockenspiel

C’est à un voyage dans la musique anglaise, du XVIe au XXe siècle, que vous convie le concert « So British ! », à travers quelques-unes des pièces les plus représentatives et originales du chant choral d’inspiration religieuse ou profane.

Le madrigal est un genre musical ancêtre de la cantate, caractéristique de la Renaissance et du début du XVIIe siècle. Aux côtés des très célèbres pièces italiennes – à l’image des madrigaux de Monteverdi - on trouve également en Angleterre et en Allemagne de telles compositions tonales, accompagnées ou non par des instruments de musique, où les voix – entre 3 et 5 en général - revêtent une égale importance. En Angleterre, où le genre fut introduit sous le règne d’Elisabeth Ière par l’Italien Alfonso Ferrabosco, son succès s’appuie dans les années 1570-80 sur l’essor du sonnet.

Thomas Morley (1557-1602) est l’un des madrigalistes anglais les plus célèbres, qui rendit populaire ce genre dans ce pays. Elève de William Byrd, il devint organiste de la cathédrale Saint-Paul de Londres puis, en 1593, à la suite de son maître Byrd, gentleman de la Chapelle Royale. On lui doit également un célèbre traité de musique A Plaine and Easie Introduction to Practical Musicke, dédié à Byrd et paru en 1597. Now is the Month of Maying est une pièce de ballet inspirée d’une chanson d’Orazio Vecchi qui illustre pleinement l’influence du madrigal italien.

Henry Purcell (1659-1695) est l’auteur de neuf motets (composition courte) sacrés, dont seulement deux ont été composés sur la base d’un texte latin. Jehova quam multi sunt peut être daté d’environ 1680. Il est possible que cette pièce lui ait été commandée pour la Chapelle catholique de la reine Catherine, épouse du souverain Charles II, de tels morceaux n’étant pas en vogue à la Chapelle Royale anglicane. De multiples sources d’inspiration s’y retrouvent, de la polyphonie anglaise de la fin de la Renaissance à la musique italienne du XVIIe siècle. Mais la pièce est aussi caractérisée par une innovation harmonique qui en fait l’une des œuvres sacrées les plus originales de ce compositeur. Le texte du Psaume 3 est divisé en sections chorales qui encadrent le solo du ténor – At tu Jehova- conduisant à une première conclusion – Respondit mihi. Puis, le chœur évoque le Psalmiste qui s’endort et se réveille – Ego cubui et dormivi - fort du soutien divin clamé, sur un mode martial, par le solo de basse Non timebo. Le motet est conclu par le chœur sur une note triomphante.
L’hymne à 4 voix Beati omnes qui timent Dominum, composé sur la base d’extraits du Psaume 128, a vraisemblablement été écrit à l’occasion du mariage d’Henry Purcell avec Frances Peters, issue d’une famille catholique, à l’été 1680. Divisée en 4 sections, la partie centrale de l’œuvre est constituée par le solo de la basse qui évoque l’épouse telle une vigne féconde, auquel répond le solo de soprano comparant les fils aux branches de l’olivier. La conclusion de la pièce est donnée par le chœur qui enchaîne en proclamant Ecce sit benedicetur homo (c’est ainsi que l’homme est béni) puis par une série d’échanges entre les 4 voix sur le thème de l’Alléluia.

Charles Villiers Stanford (1852-1924) est un compositeur d’origine irlandaise. Formé à Cambridge, il devint organiste du Trinity College de cette ville en 1873 ; il fut également, et notamment, chef du Bach Choir de 1886 à 1902, chef de l’Orchestre philarmonique de Leeds de 1897 à 1909 et du Festival de Leeds de 1901 à 1910. Avec Edward Elgar, il est l’un des compositeurs emblématiques de la période victorienne. Au sein d’une production foisonnante, les œuvres chorales de Stanford se distinguent notamment par un nombre important de pièces composées pour l’Eglise anglicane sous forme de motets, hymnes et musiques liturgiques. Son hymne Beati quorum via, écrit sur la base du Psaume 119, est l’une de ses compositions les plus célèbres. Il s’agit du troisième opus d’une série de trois motets sacrés (Three Latin Motets, op. 38) publiée en 1905 mais composée environ une vingtaine d’années auparavant.

Composé entre 1983 et 1985, le Requiem de John Rutter (1945- ) est une œuvre dédiée à la mémoire du père du compositeur, destinée à toutes les sensibilités, quelles que soient les convictions religieuses de l’auditeur  ou l’absence de celles-ci, qui tend vers l’apaisement. Inspiré du Requiem de Gabriel Fauré et, dans une moindre mesure, du War Requiem de Benjamin Britten, il ne s’agit pas d’une messe de requiem à proprement parler mais d’une œuvre composite, à géométrie variable, qui intercale des psaumes et des extraits du service liturgique funèbre. L’alternance du latin et de l’anglais n’est également pas due au hasard. La structure de l’ensemble est construite en « arche », les morceaux se correspondant deux par deux (1-7, 2-6, 3-5). Le quatrième morceau (Sanctus), situé au cœur de la pièce, est conçu comme une sorte de point d’orgue. L’ensemble existe en deux versions orchestrales, qui peuvent s’adapter tant au lieu qu’à l’effectif du chœur. Aujourd’hui, le Requiem de J. Rutter est l’une des pièces chorales les plus jouées au monde.

Le caractère majestueux de Zadok the Priest nous incite à conclure ce concert sur cette note célébrissime et grandiose, au risque de bouleverser la chronologie ! Des quatre hymnes composés par Georg Friedrich Haendel (1685-1759) pour le couronnement du roi Georges II, le 11 octobre 1727, Zadok the Priest est incontestablement le plus célèbre, encore en usage de nos jours. Il aurait dû revenir à l’organiste de la Chapelle Royale de composer un tel morceau, mais le poste étant vacant à cette date, c’est au musicien d’origine allemande, déjà très célèbre en Angleterre, qu’échut cette tâche. Il y imprima sa marque, en remaniant à sa manière le texte du chapitre Ier du Livre des Rois (Ancien Testament), qui comporte le récit du sacre de Salomon, qui est ici paraphrasé. La première exécution de la pièce, à l’occasion du couronnement de Georges II, fut également marquée par une autre caractéristique : le nombre des exécutants, tant choristes (40) qu’instrumentistes (160), fut considérable et inédit. L’œuvre s’ouvre par l’intervention du chœur qui vient briser la pulsation imprimée par les accords de l’introduction instrumentale montant doucement en crescendo. La pièce se divise ensuite en deux sections : la première annonce le sujet (Zadok the Priest and Nathan the Prophet annoited Solomon King) puis prend l’allure d’une danse pour clamer la joie du peuple. La seconde section (God save the King) met en valeur successivement chacune des 6 voix, le chœur se concluant sur une cadence baroque classique.